Die Adler
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[Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]

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Camille Libberecht
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Camille Libberecht

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MessageSujet: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptyMar 13 Jan - 11:19

Ils avaient à nouveau volé toute la journée, mais ce n'était pas assez rapide aux yeux de Camille, dont l'impatience grandissait de jour en jour. Les dragons les plus lourds de l'escadrille ne pouvaient rivaliser avec la vitesse de croisière du courrier, et on était encore assez loin du feu pour que le jeune pilote ronge son frein. Oui, ça aurait été plus vite en passant par la mer. Non, ce n'était certainement pas le moyen le plus sûr d'arriver à destination. Mais la sûreté était bien souvent le dernier des soucis de Camille, au grand désespoir de certains de ses supérieurs, et à l'admiration forcée de quelques-uns de ses compatriotes moins téméraires.

La base dans laquelle ils passaient la nuit était une bâtisse mal rénovée avec des stalles tout juste rafraîchies par une litière de paille neuve. Les baraquements des officiers valaient à peine mieux que ceux des soldats, eux-mêmes tout juste mieux lotis que les dragons.

L'inconfort spartiate des lieux importait peu à Camille, pourtant, car la meilleure nouvelle de la soirée avait été la distribution du matériel nécessaire à la suite de l'expédition. Il avait ainsi ajouté un masque à gaz et plusieurs bouteilles d'air comprimé au harnachement d'Orphée, et stocké quelques chargeurs pour le PzB 39 qu'on lui avait confié. Le fusil longue portée figurait parmi l'armement le plus imposant qu'il avait pu manipuler jusque là, et il devait bien reconnaître que ça pourrait faire la différence en cas d'affrontements en vol. Sans doute le seul véritable avantage de voyager avec l'escadrille sous direction allemande.

Après un repas rapide au mess en compagnie de l'équipage de Tamerlan, Camille était redescendu dans la cour, sur laquelle donnaient les étables à dragons. Il était près de vingt heures, mais le soleil se couchait à peine en cette saison. Sous l'œil noir et brillant d'Orphée, il effectuait les derniers réglages de la radio en y ajoutant la grande antenne qu'on venait de lui fournir. En dehors d'un ou deux artilleurs perfectionnistes et des capitaines les plus consciencieux, le reste des équipages tuait joyeusement le temps autour d'une partie de cartes et de quelques cigarettes. Mais Camille était seul maître à bord, et il tenait à ce que tout soit en parfait état de marche pour le lendemain. Il appréciait aussi la compagnie du Porte-Drapeau, en plus de celle des quelques autres hommes encore en train de vérifier les harnachements des dragons.

Quelques branchements et quatre vis plus tard, Camille tournait délicatement les boutons de la radio, calibrant les longueurs d'onde de l'escadrille. L'oreille attentive au moindre grésillement de l'appareil, il parcourait la cour du regard, une habitude chez lui d'avoir toujours les yeux partout. C'était une qualité sur un dragon courrier, mais ça reflétait également le caractère sociable du jeune pilote, toujours prêt à répondre d'un sourire ou d'un signe de tête à ceux qui passaient près de lui.
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Jochen von Waldenstein
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MessageSujet: Re: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptyMer 14 Jan - 17:15

Le vol depuis leur dernière étape avait été d'un ennui mortel. Jochen, occupé à piloter et observer les alentours, avait plusieurs fois été tenté de piquer un petit roupillon, mais son sens du devoir avait pris le dessus. Après tout, Louise se trouvait dans l'équipage de son chef d'escadrille, et surveiller signifiait limiter les risque qu'encourait sa bien aimée. Le reste de son équipage, lui, n'était guère préoccupé par ce genre de problèmes, après tout, ils volaient en ciel ami, mais ils assurèrent un minimum de surveillance en se relayant pour dormir. Eva, pour sa part, avait ronchonné, comme a son habitude depuis le départ. Elle gardait en elle la nostalgie des petites mains françaises qui l'avaient bichonnée à Monroing et regrettait de ne pas avoir pu en profiter quelques jours de plus.

C'est donc avec soulagement que Jochen avait reconnu et signalé la prochaine étape de l'escadrille, et qu'il s'était posé, quelques minutes plus tard. Il était tellement fatigué qu'il ne se formalisa pas de l'état de délabrement des lieux, il aurait dormi même sur la glace des fjords en plein hiver. Il laissa à son équipage, plus reposé que lui, le soins de s'occuper de la dragonne pendant qui allait se débarbouiller en vue du repas qui ne tarda pas. Son équipage et celui de Majestas dinèrent ensemble, le jeune allemand pu donc diner en compagnie de l'infirmière française. La situation actuelle ne leur permettait pas de se voir aussi facilement qu'en France, et cet état de fait était pesant pour le pilote. Il trouva tout de même l'occasion d'embrasser son infirmière avant de la laisser rejoindre ses quartiers, à regret.

Il alla traîner ses basques du côté des dragons. Eva dormait déjà, évidemment. Jochen était toujours étonné par la capacité de sa dragonne à s'endormir, et également pas la profondeur dudit sommeil, il fallait en général une bonne demi heure juste pour lui faire ouvrir les yeux. A cette pensée, le jeune Oberstleutnant eut un sourire torve, il lui faudrait se lever plus tôt que les autres le lendemain, juste pour tirer le saurien des bras de Morphée. Il caressa le ventre du gros lézard endormi et alla marcher un peu. Le sommeil avait été chassé depuis qu'il avait quitté Louise, aussi, marcher semblait une bonne solution pour tuer le temps, et peut être, appeler le sommeil de ses vœux. Déambulant parmi les montures de tailles diverses, il arriva au niveau du porte-drapeau Orphée. L'animal ne dormait pas, pas plus que son pilote qui s'affairait sur sa radio. L'avantage d'avoir un opérateur radio dans son équipage, Jochen n'avait pas à s'occuper de l'engin.

Saisissant une fois encore l'occasion de se lier d'amitié avec un français, personne en qui il avait, après Louise, son propre équipage et sa dragonne, le plus confiance, bien plus qu'en sa propre hiérarchie, il s'approcha du pilote français.

-Ravis de voir que je ne suis pas le seul à profiter de la compagnie des dragons ce soir... puis-je vous proposer mon aide pour votre radio ?

Son accent s'était amélioré grâce à Louise, mais il avait encore ces intonations germaniques qui détonnaient dans les propos de l'allemand.
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Camille Libberecht
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Camille Libberecht

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MessageSujet: Re: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptyJeu 15 Jan - 18:48

Il avait vu le capitaine de la Mauerfuchs arriver depuis l'autre côté de la cour, sortant de l'étable de sa dragonne déjà endormie. Très grand, très blond, Jochen était difficile à rater, il faut dire, d'autant que sa silhouette rappelait à Camille la dernière fois où ils s'étaient retrouvés dans la même conversation, au cours d'un déjeuner sur l'herbe mémorable sur les bords de la Fresne. A l'époque, il avait eu l'esprit trop retourné par la propagande nazie à laquelle on l'obligeait à participer pour s'intéresser à l'homme derrière l'uniforme.

Mais ce soir-là, les choses étaient différentes. Il lâcha un instant le bouton de la fréquence pour relever une paire d'yeux bleus sur l'officier allemand, en se demandant si l'offre était sérieuse. Les contacts entre équipages n'étaient pas rares, puisqu'ils étaient dans la même escadrille, mais Camille évitait en général de côtoyer le Fritz, ne serait-ce que par fierté, et s'attendait à ce que le Fritz le lui rende bien. Il faut croire que tout le monde peut se tromper. Et que sur ce coup-là, il n'était pas d'humeur à une levée de boucliers, pour une fois que l'avance était faite sans airs supérieurs.

Alors il esquissa un demi-sourire, pâle copie de ce que n'importe qui d'autre sans accent d'outre-Rhin lui aurait inspiré, mais un sourire tout de même. Sans se relever pour le saluer, après tout on était hors des heures de service officielles, il envoya une chiquenaude sur le caisson de l'appareil comme on tapoterait l'encolure d'un dragon capricieux pour le calmer.

- Je me débrouille. Juste un petit recalibrage.

Réponse brève, sans animosité mais sans chaleur. A bien y réfléchir, un coup de main aurait été le bienvenu, en tout cas pour vérifier que l'étalonnage des fréquences était le bon avec un autre appareil. Un genou dans la poussière de la cour, les manches roulées au-dessus du coude et au moins trois boutons de sa chemise d'uniforme ouverts, Camille avait passablement l'air de transpirer sur le problème, ce que la chaleur Sicilienne n'arrangeait en rien. Et l'Allemand était toujours là, avec son regard intéressé pour le Porte-Drapeau derrière lui, et sa bonne volonté.

Camille soupira.

- En fait, un petit coup de pouce serait le bienvenu. Mais je ne voudrais pas déranger votre radio pour rien.

L'aveu lui coûtait, quelque part. Bon, après, le bidouillage radio n'était pas sa spécialité, ni le vol en escadrille d'ailleurs. Pourtant, ce qui le gênait le plus était la pointe de curiosité qui lui faisait observer Waldenstein sans en avoir l'air, de son expression à son accent en passant par son uniforme. Quelque part sous les galons, c'était sans doute un homme comme lui.
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Jochen von Waldenstein
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MessageSujet: Re: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptyVen 27 Fév - 22:23

Jochen déplorait que les contacts entre les deux parties de l'escadrille se limitent au stricte minimum. Jusqu'ici, les seuls français à avoir accepté de "tailler le bout de gras" avec lui se trouvaient être les capitaines Vanier et Maquereau, la première ayant juste la malchance" d'être une femme dans un monde d'homme, l'autre sans doute collabo, et également macho convaincu. Les patriotes se limitaient à une froideur polie, ils obéissaient en montrant qu'ils n'étaient pas des plus enthousiastes, et nombres de tentatives du jeune Oberst ne rencontraient qu'un masque d'impassibilité. Le temps permettrait sans doute d'adoucir un peu les relations, Joachim trouvait ça dommage, mais la patience semblait être sa meilleure arme. Du moins jusqu'à ce soir...

L'accueil du pilote français, s'ils n'était pas chaleureux, était en tout cas bien plus sympathique que tout les autres. Dénué de salut, un détaille sur lequel l'Hauptmann Hessler aurait sans doute tiqué, mais le blond n'était pas très porté sur la rigueur militaire, comme son excellent ami Hans-Joachim Marseille. Le français tapotait sa radio sous le regard de son dragon, faisant part d'un simple réglage. Jochen hocha la tête en silence, ne souhaitant pas déconcentrer d'avantage le pilote. Sa tête évoquait un souvenir enfouis, mais impossible de mettre le doigt dessus. Croisant les bras sur son torse, l'Aryen attendis, réfléchissant à où il avait bien pu rencontrer le Français, quand ce dernier, de guerre lasse, accepta finalement un coup de main.

- Ne vous en faites pas pour ça, Walter est toujours près à donner un coup de main... et puis il doit surement être en train de faire la même chose que vous, dit Jochen avec un sourire. Je vais le chercher de ce pas, j'en ai pour deux minutes !

Le jeune homme parti au pas de course chercher son radio. En fait, Walter terminait juste le remontage de sa radio, un passe temps qu'il affectionnait visiblement.

- Walter, Libberecht aurait un petit problème avec sa radio, tu pourrais le dépanner ?
- Quel genre de problème ? Que je sache quoi embarquer comme matos...
- Calibrage apparemment...
- ça roule, j'embarque le bazar, il va falloir que je recalibre aussi de toute façon... tu peux prendre la caisse à outils, au cas où ?
- Bien sûr !


Les deux hommes se dirigèrent vers l'étable d'Orphée, discutant surtout de la chaleur ambiante. Walter revenait de Norvège, le changement de climat était radical, Jochen lui, n'avait jamais vraiment supporté la chaleur... tout deux souffraient du climat qui se réchauffait.

- Et le pire, on n'est même pas encore en Afrique...
- Du lieber Got, on va crever là bas !!


Les deux hommes se présentèrent légèrement transpirant devant le Français et son Porte Drapeau, un sourire aux lèvres.

- Je vous présente Walter, mon radio, il va vous aider à recalibrer votre radio.

*Pendant que je vais essayer de me souvenir où diable j'ai bien pu vous rencontrer*
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Camille Libberecht
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MessageSujet: Re: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptyDim 1 Mar - 22:10

L'Allemand était parti au pas de charge avant qu'il puisse rouvrir la bouche. Tant mieux. Camille haussa les épaules et termina son tour rapide du bouton de fréquence, notant les zones avec le plus d'interférences. Le temps que von Waldenstein revienne, Camille avait décidé qu'un décrassage ne pouvait pas faire de mal, et il avait sorti un chiffon pour briquer les bobines, le dos de l'appareil ouvert devant lui.

Il toisa une seconde les deux hommes qui s'essoufflaient dans la chaleur écrasante du début de soirée, et accorda un simple signe de tête au dénommé Walter en guise de salutations. Il ne lui avait jamais adressé la parole, invoquant comme excuse bidon la barrière de la langue, mais le gaillard avait aux lèvres le même sourire franc que son capitaine, et c'était un langage universel que le naturel sociable de Camille avait du mal à ignorer.

- Posez ça là, il ne devrait pas y en avoir pour trop longtemps. Je suis désolé de vous déranger.

Un vague geste vers un coin de poussière comme un autre, pour écarter la boîte à outils visiblement lourde et soulager son porteur. Il était surtout désolé de s'être fourré dans leurs pattes, maintenant ils étaient deux au lieu d'un à bigler attentivement l'appareil avec lequel il se débattait depuis bientôt une heure. Mais autant faire contre mauvaise fortune bon cœur, et au moins ils avaient l'air bien disposés. C'était peut-être ça qui le dérangeait, d'ailleurs, en fin de compte.

Chassant son malaise et quelques gouttes de sueur en secouant la tête, il jeta un œil à la radio que Walter avait apportée, semblable à celle qu'on lui avait fournie, mais dont les empiècements en laiton brillaient de propreté. Un passionné, sans doute. Camille mit machinalement un coup de chiffon supplémentaire sur les angles de son appareil, sans grand résultat, et fit la moue. Il faudrait se contenter de son bricolage, correct mais sans ambition. Il s'adressa en même temps à ses deux interlocuteurs, le radio pour l'aspect technique, le capitaine pour ne pas lui manquer de respect en l'écartant de la conversation.

- Normalement tout est monté, j'aurais juste voulu m'assurer que la transmission était la plus nette possible au sol, dans de bonnes conditions.

D'un regard, il évalua la portée qui le séparait de l'autre côté de la cour, ouverte sur les collines sèches qui entouraient la base. Six à sept fois l'envergure d'Orphée, sans trop se mouiller, ce qui était plus que suffisant pour un test, vu qu'on ne s'entendait d'un bout à l'autre qu'en s'époumonant. La bonne distance pour un équipage de dragon allemand, ricanait une petite voix dans sa tête. Camille pinça les lèvres et repoussa l'envie d'expédier Walter et son barda aussi loin. Il désigna l'extrémité des étables à dragon, à mi-distance.

- On pourrait commencer par tester les fréquences de la Die Adler de là-bas, pour voir s'il y a des ajustements à faire.

Il n'avait pu se résoudre à dire "de l'escadrille", à admettre qu'elle était la leur à tous, avec ses étendards si mal assortis quand on considérait les couleurs que portait encore fièrement son Porte-Drapeau. Sans regarder directement Jochen, il eut pour lui un geste vague. S'il voulait rester près du Français pendant le test, il pouvait. Il n'allait quand même pas les envoyer tous les deux se faire voir alors qu'ils étaient là pour l'aider.

- C'est votre première mission en Afrique ?

La question lui avait échappé. Etait-ce dû au sourire du capitaine de la Mauerfuchs, ou à sa propre habitude d'engager les conversations ? Peu importe, il se maudissait déjà pour son élan de sympathie.
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Jochen von Waldenstein
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MessageSujet: Re: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptyMer 11 Mar - 12:25

Une fois sur place, après avoir déclaré qu'il n'y avait pas de problème, qu'ils étaient toujours disponibles pour aider, et s'être enfin débarrassé de l'encombrante caisse à outil de Walter, Jochen resta un peu en retrait pendant que les deux hommes discutaient du problème qui les préoccupait. Non pas qu'il ne comprenne pas ce qu'ils disaient, après tout, il avait longtemps été le seul membre de son équipage, et avait du maintes fois se débattre avec un modèle de radio capricieux, jusqu'à ce que Walter arrive avec un nouveau modèle, moins contraignant et surtout mieux entretenu.

Le jeune français manifestait toujours à leur endroit une attitude de prudente distance, attitude sans doute renforcée par le fort accent germanique présent dans les propos des deux allemands. Les gallons étaient tombés, l'uniforme absent, mais cet horrible accent qui écorchait les oreilles de Jochen quand il parlait français, créait toujours ce rapport de force occupant/occupé, vainqueur/ vaincu ou oppresseur/opprimé.

Walter aussi n’aimait pas trop l’attitude de certains de leurs camarades vis-à-vis des français vaincus. Certes, ils avaient perdus, mais ils s’étaient battus, et bien battus, leur défaite était plus due à l’incompétence de leurs état majors et à l’utilisation de doctrines d’un autre temps qu’à un manque de combativité. Mais lui n’était pas contre l’occupation, sa famille avait été très durement frappée par les conditions du Diktat de Versailles, et avait subbi l’occupation française de la Sarre, où nombre de soldats s’étaient comportés en véritables oppresseurs. Lui comptait bien occuper de manière plus amicale, et espèrait bien instaurer un climat de confiance avec ses camarades français de l’escadrille. Intégration amicale, et pourquoi pas fraternelle, pas de condescendance, français et allemands au même niveau, pas de favoritisme... si possible.

Dans l’esprit de Walter, Camille n’était pas un vaincu, c’était un camarade. Dans celui de Jochen, c’était un opprimé par des camarades trop imbus d’eux mêmes. Leurs opinions divergeaient, mais leur attitude vis à vis de leurs camarades d’outre Rhin était la même.

D’un point de vue technique, le test de la radio au sol n’était pas des plus important pour Walter, mais il était trop tard pour faire des tests en vol, aussi accepta-t-il la proposition du courrier français, et emporta son barda pour la placer à l’entrée des étables. Jochen resta avec Camille, se creusant toujours la cervelle pour se rapeller où il avait vu le français. Ce ne devait pas être un si bon souvenir, car il l’avait occulté, et pourtant, il n’avait rien contre le jeune homme. Non, le léger grief lié au souvenir du français était dirigé contre quelqu’un d’autre... une femme... une française... frau Keller !! Bien sûr, Lieberrecht avait lui aussi été la victime du propagandiste à la manque !! Un compagnon d’infortune... la sympathie de Jochen envers Camille monta d’un cran.

- C'est votre première mission en Afrique ?
- Oui... je n’étais pas encore descendu autant au sud... oh, j’ai participé aux combats en Espagne lors de la guerre civile, et j’y ai déjà souffert de la chaleur... j’ai surtout servi pendant la campagne de France et en Norvège, je suis plus habitué aux climats tempérés ou froids...

Il eut un petit rire.

- La transition entre Sarnand et l’Afrique va être brutale... Quand à vous ? c’est votre première expérience avec ce continent ?
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Camille Libberecht
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Camille Libberecht

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MessageSujet: Re: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptyMer 18 Mar - 18:21

Camille regarda Walter installer sa radio quelques dizaines de mètres plus loin et attendit qu'il ait déplié l'antenne pour rallumer son propre appareil. Aussitôt, un chuchotement continu et grésillant emplit le haut-parleur, faible mais insistant, couvrant en partie l'accent allemand de Jochen.

Pourtant, cela n'empêcha pas les oreilles du pilote de Porte-Drapeau de tinter à la mention de la campagne de France. Il tourna brusquement la tête vers son interlocuteur, comme un chien se redresse au son du sifflet, une lueur dans le regard. La question suivante était posée en toute innocence, mais fut reçue dans un silence hostile.

Les images défilaient dans la tête de Camille, les décollages du front dans la brume du petit matin pour échapper aux guetteurs, la menace des Mauerfuchs postés en altitude, aux sens redoutablement aiguisés, le claquement solitaire d'une mitrailleuse. Aurait-il pu croiser Jochen en ce temps-là, quand la défaite ne rendait pas encore l'issue inéluctable ? Maintenant, la question n'avait plus aucun sens. Il se força à avaler sa salive et à se sortir du blanc qu'il venait de causer dans la conversation, hochant mécaniquement la tête pour approuver la remarque sur les différences de température.

- Je… Non, c'est la première fois.

Sa voix était plus rauque qu'il ne l'aurait voulu, et il eut soudain envie de fumer, sans doute une réaction à sa nervosité, même s'il ne se le serait jamais avoué. Lâchant un moment le bouton des fréquences, il fouilla ses poches, tira une cigarette d'un boîtier en fer-blanc un peu cabossé, et se fouilla à nouveau pour un briquet, en vain.

- Vous étiez dans quel secteur, en France ?

A croire que cette idée n'allait pas s'effacer facilement de l'arrière-plan de ses pensées. Tant pis, cette fois c'était sorti, et tant pis aussi pour le mal que ça allait faire. Le ton était détaché, presque froid, tant la question était amenée par une sorte de curiosité morbide. Camille détourna le regard, et se remit à tripoter la fréquence, se calant sur celle d'Adler 1 pour commencer. Toujours sans regarder Jochen, il fit un grand geste à l'adresse de Walter, levant le pouce pour indiquer le début du test. Puis il prit le micro qui s'accrochait normalement au col de sa combinaison de vol, et parla distinctement.

- Adler 7 à Adler 1, me recevez-vous ?

Il se redressa, à l'écoute du léger grésillement continu, et se remit à faire ses poches à la recherche de feu pour la cigarette qu'il avait coincée entre ses dents. Mieux valait passer sa frustration sur un malheureux briquet que sur l'Allemand debout à côté de lui, quelque part, surtout quand il n'avait strictement rien fait pour mériter ça.
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Jochen von Waldenstein
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MessageSujet: Re: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptyMar 31 Mar - 14:49

Jochen, sans vraiment le vouloir, avait laissé passer deux mots qui chatouillaient la fierté de ses camarades français : "Campagne de France". Il s'en voulu immédiatement après, mais le mal était fait ; L'attitude du français se refroidi d'un coup. Le germain savait que les français digéraient mal cette défaite mais, contrairement à ce que bon nombre de civils pensaient, ils s'étaient battus, n'avaient manqué ni de courage, ni d'allant, ni d'honneur. Les seuls à blâmer, selon le jeune blond, étaient des supérieurs bloqués à un autre temps et hermétiques aux nouvelles idées ou doctrines, mais l'avis d'un adversaire valait-il quelque chose face aux faits? Et les faits étaient que la France s'était écroulée en six semaines...

Il se tut pendant les quelques instants que dura le silence qui suivit l’évocation de cette campagne, inutile d'enfoncer le clou en bredouillant des excuses qui pourraient être mal vues elles aussi, et se contenta de regarder Walter régler ses joujoux

- Vous étiez dans quel secteur, en France ?

Jochen eut un regard surpris vers le français. Le silence devait lui peser à lui aussi, le gêner, ou peut être songeait-il à passer le temps... ou alors cherchait-il à nourrir sa rancœur? Il avait une cigarette aux lèvres et cherchait manifestement de quoi l'allumer. L'aryen n'était pas fumeur, mais il avait très souvent sur lui le briquet zipo de son grand père, qui lui était fumeur.

- J'étais principalement rattaché à la 1 PzD du général Gudérian dans les Ardennes, puis j'ai été envoyé à droite et à gauche, au gré des demandes de reconnaissances... j'ai notamment survolé Paris le jour où nos troupes y sont entrées... cette ville est vraiment magnifique vue du ciel...

Pendant qu'il parlait, il regarda Camille régler les fréquences, faire un signe à Walter et lancer le premier test. A l'autre bout, Walter fit un signe avant de répondre.

- Bien reçu sur fréquence de Adler 1, en revanche votre micro est un peu faiblard...

Jochen pour sa part, voyait Camille toujours à la recherche de quoi allumer la clope qu'il avait entre les dents. Il tira le zipo de sa poche l'alluma dans un léger cliquetis métallique et le tendit au français. Il ne s'excusa pas pour l'évocation maladroite de la campagne de France. Il n'était pas à l'origine de cette campagne mais il y avait combattu, et considérait que s'excuser maintenant constituait une insulte à l'encontre de tout ceux qui y étaient mort, quel que soit leur camp.

Si Camille avait posé la question, c'est qu'il devait avoir servit, fait son devoir de soldat pendant la campagne, il essayait de savoir s'ils avaient pu être ennemi un jour... ou du moins, c'est comme ça que Jochen l'interprétait. Il n'avait pas descendu de courrier, mais en avait forcé deux à atterrir, auxquels il avait offert une bouteille pour les féliciter de leur adresse, et aussi pour leur faire passer l'amertume de s'être fait avoir. Camille n'était pas du lot, et ces deux équipages avaient été les seules "victimes" du jeune homme.

-Je pense que nous ne nous sommes pas affrontés quand nos pays étaient ennemis, j'ai rencontré tout ceux que j'ai contraint à atterrir, et je ne vous avais pas vu avant d'arriver à Sarnand, dit Jochen avec un léger sourire, le zipo allumé et tendu vers le jeune français...
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Camille Libberecht
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Camille Libberecht

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[Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] Vide
MessageSujet: Re: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptyVen 3 Avr - 23:55

Il souffla dans le micro et lui administra quelques petites tapes, la stratégie de réparation rapide universelle pour du matériel électronique défaillant. Concentré sur la radio, il ne remarqua pas tout de suite le briquet que lui tendait Jochen, même s'il entendait parfaitement bien ses impressions sur l'invasion de la France. Ainsi il avait vu tomber Paris… et même dans la déroute, il avait saisi la beauté de celle qu'on appelait la Ville Lumière.

Quelque part, Camille sentait bien qu'une fois en l'air, tous les pilotes avaient la même vision, la même liberté qu'ils étaient venus chercher là haut et peu importe les couleurs peintes sur les ailes de leurs dragons.

Il tourna machinalement le branchement du micro, à la recherche du faux contact, mais rien ne lui parvint de plus qu'un peu de grésil sur la ligne.

- Bien reçu sur Adler 1…

Il s'interrompit en voyant la minuscule flamme du zippo entrer dans son champ de vision, accompagnée du constat que non, Jochen ne l'avait pas croisé pendant les combats. Camille lui jeta un regard en coin, faisant patienter le briquet d'un geste alors qu'il se penchait une fois de plus sur la radio.

- Testons les autres fréquences pour voir si c'est bien le micro qui déconne.

Et il bascula sur Adler 2 sans attendre de confirmation, levant bien haut deux doigts tendus à bout de bras. Puis il se retourna tout aussi vivement vers le grand blond qui lui souriait, hésita une seconde, et soutint le briquet d'une main posée contre la sienne, juste le temps d'allumer sa cigarette.

- Merci…

Etrangement, c'était sincère. Il tira une taffe avec bonheur, et se détendit sensiblement. Tout à coup, le récit de Jochen lui semblait plus lointain, plus détaché de sa propre expérience. Non, il n'y avait rien de personnel dans sa froideur précédente, et d'après ce qu'il entendait, Jochen était du genre à traiter ses adversaires aussi humainement que la guerre le permettait. Camille eut un mouvement d'épaules.

- J'étais déjà affilié au SPA de Dijon lors de l'offensive, avec Orphée. On était envoyés sur les fronts d'Alsace et de Lorraine, et quand Paris est tombé on assurait certaines communications rapides avec la brèche sud, sous Weygand. On n'aurait effectivement pas pu se croiser.

Quelque part, c'était mieux comme ça. Rien de personnel. Le ton du pilote français était détaché, comme s'il ne savait pas bien pourquoi il se mettait à lui raconter tout ça à son tour. Mais confidence pour confidence, il se trouvait peut-être avec le capitaine de la Mauerfuchs plus de proximité qu'avec les artilleurs de Tamerlan, dont l'expérience de la guerre était bien différente de la sienne.

Camille tira une nouvelle bouffée de fumée, puis ressortit de sa poche la boîte de fer-blanc qui contenait ses précieuses cigarettes, pour la tendre sans un mot à l'Allemand. Cinq minutes avant, ça ne lui serait pas venu à l'esprit. Mais il avait accepté son feu, il avait accepté son histoire, et il se voyait mal continuer de profiter seul de ce petit plaisir si l'autre était prêt à partager.
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Jochen von Waldenstein
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MessageSujet: Re: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptyJeu 23 Avr - 19:35

Quand Camille souffla dans le micro, Jochen vit Walter retirer vivement les écouteurs et se frotter vivement l'oreille droite, signe, sans doute, que le micro du français n'était pas faiblard pour tout, mais ce geste lui évita de subir la répercussion des coups que le courrier donna au malheureux micro par la suite. Jochen avait toujours le briquet allumé, attendant que son vis-à-vis accepte la flamme pour allumer sa clope. Walter leva deux doigts alors qu'ils changeaient de fréquence, répondant au français et lui indiquant qu'il attendait sur la fréquence de Adler 2.

Enfin, Liebberecht accepta le feu, et tira avec un plaisir évident une grande bouffée de tabac. Juste après le jeune flieger, toujours souriant, et franchement soulagé que le français ai accepté, rangeait l'objet dans une de ses poches. Il fut surpris quand le jeune courrier évoqua sa guerre, et les secteurs où il avait servit. Il ne s'était pas attendu à ce qu'il lui fasse part des combats qu'il avait mené, ou juste vu. Le ton était soudain plus détendu, peut être aidé par les substances contenues dans le tabac, et l'allemand espèrait bien que rien ne viendrait troubler ce ton, qui était presque celui d'un bavardage entre camarades.

Les aléas de la guerre faisaient que ce ton n'était pas toujours celui utilisé à son endroit, chose que regrettait vivement l'aryen. L'ordinaire de l'occupant allemand était fait de froideur polie (ou non), d'amitié feinte ou de léchage de bottes, mais rarement de ton franc et détaché...
*raison de plus pour remuer fois sa langue dans sa bouche comme dit Louise* se dit l'Allemand.
Le pourquoi du comment de cette expression lui échappait, il la trouvait au mieux bizarre, au pire tendancieuse, mais en lisant entre les mots (autre expression étrange des français) on comprenait, et accordait, qu'il fallait réfléchir avant de parler.

Camille, après un petit moment de flottement, ouvrit son étuis à cigarette et le tendis à l'Allemand. Avec le sourire, Jochen déclina l'offre, se doutant que le briquet devait avoir fait croire au français qu'il était fumeur.

- Merci, mais je ne fumes pas... ce briquet est un souvenir de mon grand père, il a pour moi une énorme valeur sentimentale, il m'accompagne toujours, où que j'aille, dit le pilote en caressant du pouce le métal de l'objet.
- Dites, ne m'oubliez pas... je me sens un peu seul pendant que vous causez... dit Walter dans le poste de radio.
-Je crois que mon radio se sent écarté, dit l'Oberleutnant toujours souriant.

Tournant les yeux, il les posa sur Orphée. Le saurien n'avait pas ouvert la bouche, ce qui ne l'empêchait pas de les observer avec attention. Jochen savait que les porte-drapeau passaient pour des dragons raisonnablement intelligents et surtout très agréable à vivre, pas trop regardant sur leurs capitaine, mais il n'avait pas eu l'occasion d'en côtoyer. Il ne manqua pas de remarquer les couleurs vives dont Orphée était paré, comme tout les membres de son espèce. Il apprécia aussi les lignes générales du corps du dragon, un corps qui semblait taillé pour la vitesse, fin et affuté, destiné à fendre les airs.

- Quel âge a votre dragon ?
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Camille Libberecht
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MessageSujet: Re: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptyJeu 21 Mai - 19:51

Camille haussa les sourcils en apprenant que l'autre ne fumait pas, et rangea son étui à cigarettes sans commentaires en entendant l'explication derrière ce mystère. Alors comme ça les Aryens donnaient dans le sentimental… il aurait presque eu envie de rire, de cet éclat de rire amer qui était trop souvent son lot récemment et qui lui allait si mal. Il cacha un pincement de lèvres en se détournant vers la radio qui se mettait à… protester.

Protester, oui, parfaitement, avec la voix rieuse de Walter et son accent allemand. Son supérieur embraya sur le même ton, avec une franche camaraderie qui donnait envie de faire partie de son petit équipage. A moins que ce ne soit à cause de la conversation précédente, parce que Camille avait laissé tomber le masque ? Il retint un léger soupir et se pencha sur le micro.

- Adler 2, reçu cinq sur cinq. Apparemment, vous recevez plutôt bien aussi.

Il l'avait dit sur un ton moqueur, presque ironique, mais pas malveillant. Sans doute se serait-il déjà lié d'amitié avec eux, si ce n'avait pas été l'occupant. L'occupant, bon Dieu. Sèchement, il bascula la fréquence sur Adler 3, et leva la main une fois de plus, trois doigts en l'air, sans autre avertissement. Si le radio de la Mauerfuchs voulait tuer le temps en discutant, très bien, mais il y avait du boulot à faire. Au fond, Camille ne s'avouerait jamais vraiment qu'ils auraient pu être là à parler pour autre chose.

Nerveusement, il fit tomber la cendre de sa cigarette déjà à moitié consumée, et reprit le réglage de sa fréquence qu'il avait basculée un peu trop vite. Puis il releva la tête pour trouver Jochen en pleine observation de son Porte-Drapeau, ne sachant s'il devait se sentir flatté ou insulté de l'examen. L'Allemand n'avait montré que des intentions amicales, cependant, alors il ne pouvait se montrer offensé d'un simple regard. Pour autant, la question le surprit. On demandait habituellement des mensurations, des performances de vitesse, par souci de comparaison entre les races ou même entre les individus. Mais l'âge…? Perplexe, Camille ne répondit pas assez vite pour Orphée.

- Plus que son pilote, pourquoi, ça vous étonne ?

Ledit pilote se leva, abandonnant du même coup son appareil et Walter à leur triste sort.  Au moins, le dragon était resté à peu près poli, mais plus âgé que lui ou pas, ce n'était pas le moment de faire une bourde. En quelques pas, il vint poser une main apaisante sur le museau rouge vif du saurien, puis se retourna vers Jochen.

- Il a éclos en 1910. Il…

Il hésita. Qu'allait-il dire ? Que son premier pilote était en réalité son père et non lui ? Qu'il avait beaucoup appris d'un dragon expérimenté, qui compensait sa propre jeunesse et lui avait sans doute sauvé la vie plus d'une fois ? Ou qu'Orphée avait déjà mené deux guerres contre l'Allemagne et qu'il en avait vu plus qu'assez pour envenimer la conversation ? Il préféra laisser l'Oberleutnant faire ses calculs à partir de la date qu'il venait de lui donner, et en tirer ses propres conclusions.

Les dragons étaient sans aucun doute le sujet de conversation favori de leurs pilotes, et Camille était capable de discourir des heures sur les qualités des Porte-Drapeaux comparés aux autres races. Mais avec un Allemand, il aurait eu l'impression de trahir quelque chose, comme les secrets de l'Armée de l'Air, ou peut-être avait-il peur d'avoir à admettre qu'ils s'étaient montrés inférieurs au combat.

- Vous vous intéressez aux Porte-Drapeaux, maintenant ?

A nouveau, l'ironie. Il la regretta presque aussitôt, mais c'était sorti tout seul, résultat du conflit intérieur qu'il menait depuis que le grand blond était venu lui adresser la parole, avec ses sourires et son feu. Orphée avait saisi son trouble, car il vint ébouriffer les cheveux de son pilote d'un souffle tiède. Le geste eut le don de calmer Camille, qui en profita pour reprendre une bouffée de fumée.
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Jochen von Waldenstein
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MessageSujet: Re: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptyVen 22 Mai - 10:28

Jochen ne remarqua pas le changement brutal d'humeur du pilote français quand ce dernier changea brutalement de fréquence sans avertir Walter. Lui senti ce brusque changement, et se demanda ce que son écervelé de pilote avait bien pu dire pour que la situation s'envenime d'un coup... mais il ne releva pas, le français étaient encore sous le coup de la défaite de 1940, le choc qu'elle avait suscité n'était pas près de disparaître.

*Bon dieux, c'est pas à nous qu'ils doivent en vouloir pour ça, c'est à leurs chefs !!*

Puis Walter se souvint que les français avaient encore quelques raisons de leur en vouloir, l'occupation, si elle remplissait les poches de certains, laissait à d'autre un goût amer, et nombre d'occupants ne se gênaient pas pour rabaisser les français. Walter pesta intérieurement contre la fierté patriotique, qu'elle soit d'un côté ou de l'autre, sorti une clope de son paquet, la ficha entre ses lèvres et l'alluma, tirant avec délice une longue bouffée de tabac. Il regrettait que son pilote soit le seul membre de l'équipage à ne pas fumer, souvent, le simple fait de partager une "cibiche", comme disaient les français, pouvait faire grandement diminuer les tensions.

Sa clope fichée entre les lèvres, il grommela en changeant la fréquence, puis attendit que ça se passe, sortant sa petite bible de poche pour en lire quelques versets.


Orphée répondit pour son pilote, que la question avait visiblement surpris. Le dragon, s'il n'était pas impoli, semblait pourtant avoir autant de grief à son endroit que son pilote, ce qui ne manqua pas d'étonner l'allemand. Cependant, qu'il s'agisse des dragons ou du peuple, le français ne manquait pas de pugnacité, même dans le ton employé. Camille, toute fois, entrepris de calmer son dragon en posant sa main sur le museau du saurien. La situation aurait-elle pu s'envenimer ? L'apparente agressivité du dragon n'offusquait pas l'officier, elle collait assez bien à l'image qu'il se faisait d'Orphée et à ce que son physique laissait entrevoir, et puis c'était une part de son caractère après tout, même si la germanophobie n'arrangeait pas les affaires de l'aryen.

Éclos en 1910, donc suffisamment vieux pour avoir participé aux combats de 1914-1918, un dragon qui avait vu par deux fois des affrontements contre les allemands, sans doute pour lui étaient-ils plus que des prédateurs naturels... l'Oberleutnant se demanda quelles histoires Orphée aurait bien pu raconter, s'il s'était senti d'humeur plus badine, et s'il n'avait pas été en présence d'un allemand. Auraient-elles été aussi emprunte de camaraderies et de douleurs partagées que les histoires de son grand père avec Von Lettow-Vorbeck et l'OstAfrika korps ? Il en doutait. L'Afrique avait été un théâtre d'opération bien différent que ce qu'il avait pu se passer en Europe, son immensité se prêtait bien peu à la guerre de position, et faisait la part belle aux longues marches, aux opérations en profondeur...

- Je m’intéresse aux dragons en général, mais pas à leurs caractéristiques physiques, je m'intéresse plus à ce qu'ils sont en eux, leur caractère, leurs espérances, leurs rêves et le lien qui les unis à leurs pilotes... Voyez vous, ma dragonne est encore jeune, très jeune, à peine trois ans, et elle semble déjà très attachée, parfois un peu... comment dites vous... collante, voilà. Mais c'est ce qu'elle est au fond, sans doute, une dragonne qui s'attache très vite et très fort.

Orphée ébouriffa les cheveux de son pilote en soufflant dessus. Camille était nerveux, Jochen le sentait aussi. L'ambiance se tassait puis se tendait, le français était sujet à des sentiments contradictoires sans doute... Jochen aurait souhaité qu'il ne voit en lui rien d'autre qu'un pilote, un grand ami des dragons, et pas l'occupant tant honni, mais l'horrible accent qui déchirait ses propos ne pouvait que dresser une petite muraille entre eux. Tant pis, au fond, si jamais il ne verrait en lui un ami, ou un camarade, Jochen ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la sympathie à son endroit, et agirait en conséquence, sans passer pour "le gentil allemand venant en aide à son frère d'arme français" si possible, pas question de servir une fois de plus la propagande. Jochen revint de ses pérégrinations mentales et se focalisa de nouveau sur les dragons.

- Mais les questions sur la personnalité des dragons sont trop souvent oblitérées en faveur des performances physiques. Ces fait m'importent peu à vrai dire, j'aime trop les dragons pour me limiter à des chiffres ou des statistiques, j'aimerai savoir QUI ils sont, et pas CE qu'ils sont...

Il se gratta la nuque après ces propos. Ils avaient déjà bien fait rire à Potsdam, certains profs considérant ces attentes comme "inutiles et impropres à un pilote de la Luftwaffe", de fait, le régime Nazi était très statistique, une politique du chiffre pour savoir ce qui était bien ou ne l'était pas... on allait même jusqu'à prendre les mesures du crâne ou de la mâchoire pour savoir si on était bien Aryen ou pas... mais le régime en place ne changerai jamais le jeune pilote, il chercherait toujours à voir l'homme derrière le soldat, l'ami derrière l'adversaire.
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MessageSujet: Re: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptyMar 26 Mai - 15:43

Derrière son écran de fumée, Camille observait l'Allemand d'un regard aigu, les yeux légèrement plissés. Méfiant au départ, il se troubla peu à peu, ne pouvant ignorer le parallèle entre la personnalité des dragons et l'humanité indéniable derrière la façade du soldat. Il détourna les yeux. Et à nouveau, ce fut Orphée qui parla en premier, balançant sa tête avec nonchalance comme on aurait pu hausser les épaules.

- Si elle est aussi jeune, vous êtes son premier pilote, non ? C'est normal qu'elle s'attache.

Camille tira une bouffée de sa cigarette presque terminée. Le dragon mettait le doigt sur un point crucial de leur relation, le fait qu'il ne serait probablement jamais à la hauteur de ce qu'avait été son père pour lui. Pourtant, il savait qu'Orphée aurait été prêt à tout pour le protéger, et avait refusé de servir quelqu'un d'autre que la lignée des Libberecht. Mais il y avait toujours cette légère gêne quand il évoquait son premier pilote, malgré tout le respect et l'admiration que Camille vouait à son père en tant que personne et en tant qu'officier vétéran.

Le regard dérivant au loin, il capta la silhouette de Walter qui s'était assis à côté de son appareil, un livre dans une main et une cigarette dans l'autre. Il y avait encore du boulot à faire et ce n'était pas le moment de se perdre dans ses pensées. Le jeune pilote se redressa brusquement, décollant de la porte de l'étable d'Orphée avec un mouvement de menton évocateur pour le dragon. Il n'avait pas intérêt à faire sa forte tête maintenant, il était lui-même suffisamment désagréable comme ça dans cette situation.

- Orphée est une tête de mule, surtout quand on parle de courrier. Mais j'ai de la chance qu'il ait aussi suffisamment de bon sens pour qu'on soit encore là à en parler. Pour le reste, il est aussi loyal que la plupart des dragons… enfin, de toute façon, ce n'est pas comme si on pouvait faire changer un Porte-Drapeau d'idées quand elles sont dessinées sur leurs ailes dès la naissance.

Et Dieu seul savait combien ils étaient fiers de ces couleurs, et combien ils auraient voulu se battre encore s'il y avait eu quelque chose à sauver. Le ton de Camille n'était pas agressif, mais sous ses dehors posés, on sentait l'instabilité de son humeur et ce feu qui couvait sous la cendre, frôlant la rébellion sans jamais s'autoriser à se montrer à visage découvert.

Il revint au poste de radio qui grésillait toujours dans la poussière de la cour, vérifiant toute la longueur du fil du micro avant de s'assurer de son branchement correct. Ce n'était pas vraiment nécessaire au vu des tests précédents, mais ça lui donnait quelques secondes pour se résoudre à relever la tête vers Jochen, cette fois avec un air plus déterminé.

- Je suis désolé. Mais… c'est comme ça.

Il secoua la tête avant de planter ses yeux clairs et francs dans ceux du pilote allemand. Il venait de poser une barrière entre eux, d'avouer qu'il ne parviendrait jamais à le voir comme un camarade d'escadrille ou comme l'homme qu'il était derrière l'uniforme et l'accent étrangers. Il ne l'accepterait pas plus qu'il n'avait accepté la reddition, et il n'y croirait pas tant que la dernière flamme ne se serait pas éteinte en lui, la dernière lueur d'espoir ou le dernier souffle d'esprit rebelle. Il aurait eu l'impression de se trahir lui-même, et cela n'avait rien de personnel envers Jochen.

Machinalement, sans le quitter des yeux, il porta le micro à ses lèvres.

- Test d'émission sur Adler 3, me recevez-vous ?

Peut-être aurait-il aimé se lier d'amitié avec l'équipage d'Eva. C'est sans doute le message qui tentait de passer dans son regard bleu, sa simple nature humaine qui avait besoin de ce contact social, de savoir qu'il n'était pas seul dans ce paysage aride, qu'Orphée n'avait rien à craindre d'eux, ni de l'avenir ni du passé. Mais ce n'était pas ainsi que les choses fonctionnaient, et les temps jouaient contre eux tous. Leurs pères leur avaient laissé un flambeau digne de leurs combats, fier et indomptable, mais qui était parfois bien difficile à porter.
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Jochen von Waldenstein
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MessageSujet: Re: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptySam 13 Juin - 18:29

Dire que Jochen fut déçu par les paroles du jeune français était un euphémisme. Blessé, non, Il savait qu'à cause de la volonté de ses supérieurs de briser, d'humilier l'adversaire d'hier, ils en avait fait un opposant encore plus farouche, que les initiatives comme la sienne n'atteignait même plus. Peut être que s'il n'y avait pas eu la guerre, peut être qu'en d'autre temps, peut être qu'avec un peu de temps... mais la réalité n'était pas faite de peut être, et encore moins de si... Walter avait coutume de dire "si ta tante en avait, on l'appellerai ton oncle" quand son ami évoquait la situation actuelle et les rapports tendus qu'ils entretenaient avec les français.

Au fond, Jochen n'était pas vraiment un soldat. Il avait tué, et tuerai encore, sans vraiment se sentir gêné. Après tout, c'était lui ou eux, et s'il essayait de trouver un visage amical en ce moment, c'était pour contrer tout les visages de haine qu'il avait affronté depuis 1936. Haine contre lui et contre l'image qu'il véhiculait, bien malgré lui, l'image du soldat aryen, moteur de l'arme nazie, fanatisé et près à tout les sacrifices. Certes, il avait enduré des souffrances que bien peu auraient supporté sans trahir le moindre secret, mais ce n'est pas pour le régime qu'il l'avait fait, c'est pour ses camarades. S'il avait su le moindre secret dont l’ébruitement aurait suffi à provoquer la mort du Führer, il l'aurait divulgué sur le champ, une fois mort, un autre aurait pris la place de Hitler - Gobbels, Goering, Himmler... allez savoir - mais aucun n'avait le charisme de l'homme qui tenait à présent les rennes de l'Allemagne... peut être même le problème de succession aurait-il entraîné une guerre civile ? Mais ça l'Aryen n'en avait rien à faire.

Son engagement dans les waffen SS lui avait appris une chose : n'importe quel crétin pouvait faire semblant d'être fanatique (ou même le devenir vraiment) si ce fait pouvait lui apporter un quelconque avantage. Mais lui ne pouvait pas se radicaliser ainsi, il avait quitté les SS par amour pour ses convictions, alors que d'autres quittaient leurs conviction par amour pour les SS, ou les avantages que cela leur apportait. Camille avait ses convictions et s'y tenait, même si, comme ce que pensait lire l'aryen dans le regard bleu du jeune français, cela pouvait lui coûter. Jochen ne pouvait que respecter ça, il faisait de même. Au fond, les seules choses qui les différenciaient étaient : la langue et la position de vaincu/vainqueur.

L'Oberleutnant soupira doucement et ferma les yeux, un air désolé sur le visage. Puis il afficha un sourire, un peu triste, mais pas forcé. Walter, qui, de loin, avait senti comme un changement, ne répondit pas, mais ouvrit et ferma rapidement le micro, provoquant une sorte de "clic" dans le récepteur, un code signifiant "bien reçu", plus rapide que de le dire de vive voix, et se replongea dans la lecture de sa bible.

- Je comprends... mais ne soyez pas désolé, vous avez vos convictions, et je respecte d'avantage ceux qui se battent pour elles que ceux qui les oublient pour leur confort.


Il avait envie de dire au jeune pilote qu'au fond, ils étaient dans le même camp (après tout, il avait une résistante pour compagne, et connaissait bien plusieurs de ses camarades) mais ç'aurait été trahir une promesse qui comptait plus pour lui que celle qu'il avait faite au führer en jurant de mourir pour l’Allemagne, lors de la cérémonie du serment. Même s'il avait confiance en Camille, allez savoir pourquoi, lui faire part de cette information était trop dangereux.

- Mais peut être un jour verrez vous aussi le camarade avant le soldat, comme je le vois en vous. Plus facile à dire qu'à faire, je sais, et je ne doutes pas qu'à votre place, je serais sans doute aussi méfiant...

Jochen s'appuya nonchalamment contre un poteau, les mains derrière la tête. Son regard oscillait entre Orphée et son pilote. Les deux avaient le même air farouche, et, quoi qu'en dise Camille, on pouvait voir une certaine ressemblance dans le caractère du dragon et du pilote. Cela le fit sourire encore. Puis il pensa à ce qui les séparaient, Camille et lui. En fait, on pouvait rajouter l'Histoire dans ce qui les séparait. Les contentieux qui opposaient France et Allemagne étaient nombreux, et les principaux étaient récents.

- Il faut reconnaître que nos deux nations trainent de sacré casseroles aussi...

L'Allemand n'avait jamais vraiment compris pourquoi les casseroles... un boulet aurait été plus lourd... quoique sans doute moins bruyant. Mais c'était une expression que Louise utilisait souvent quand Jochen buttait sur des mots ou des expressions. Trainer des casseroles devaient être une histoire de son, et la guerre était, indéniablement, extrêmement bruyante...
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Camille Libberecht
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MessageSujet: Re: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptyMer 23 Sep - 21:09

La guerre était bruyante, oui, de ce fracas de machinerie qui broyait tout sur son passage. Elle étouffait les personnalités dans l'urgence d'une situation désespérée ou dans l'isolement d'un cadre trop étroit, elle étouffait l'industrie et l'économie qui s'épuisaient à ne tourner que pour elle alors qu'on leur arrachait leurs forces vives pour les envoyer au combat. Elle étouffait le pays tout entier, et les cris de liberté qui ne se murmuraient plus qu'à l'ombre du maquis et de la clandestinité.

Elle avait étouffé la jeunesse de Camille aussi, parce que la guerre n'était pas un jeu et qu'il avait perdu la partie. Et maintenant, elle risquait d'étouffer cette petite flamme qu'il maintenait envers et contre tout, si fragile qu'il craignait que le léger souffle de l'amitié que lui proposait Jochen risque de la faire trembler. Alors il posait des pare-vent, parce que la guerre n'épargnait pas ceux qui n'étaient pas blindés.

En silence, le pilote tourna la fréquence jusqu'au cran suivant, et leva quatre doigts tendus vers le ciel à l'intention de Walter. Le mutisme allait mal à Camille, lui qui bavardait si volontiers, mais quand il avait envie d'insulter à la fois l'électronique militaire, la physique ondulatoire, la chaleur écrasante de ce soir en Sicile, et surtout la bonne volonté de l'équipage allemand qu'il n'avait pas su refuser en son âme et conscience… Parfois, il valait mieux savoir se taire.

Il reprit le micro, avec une inspiration, qui se bloqua dans sa gorge sans qu'aucun son n'en sortît. Il entendait les paroles du pilote allemand posté à côté de lui avec nonchalance, et remerciait le ciel qu'il semble accepter la distance qu'il lui imposait. Chacun de son côté du mur, c'était mieux ainsi. Et le mur avait pris la teinte du silence, un silence chargé d'une colère qui n'avait pas d'exutoire et de la gêne de devoir l'assumer quand même. A l'autre bout de la ligne, Walter était le seul à pouvoir entendre le léger souffle qui s'échappa dans le micro, quelque chose qui ressemblait à un soupir sans être assez marqué pour un véritable regret.

Curieusement, l'absence de répartie de son pilote sembla dégeler l'attitude d'Orphée. Il s'ébroua, et avança son long cou par la porte de l'étable, ce qui lui donnait une allonge largement suffisante pour mettre le grand blond à portée de mâchoire. Les dragons étaient possessifs et facilement territoriaux, et le changement de position rappelait clairement qui devait être en situation de force à proximité de ce box, incluant le poteau sur lequel Jochen était appuyé. Pour autant, le Porte-Drapeau n'avait pas une posture particulièrement agressive, et il parla même avec une note de curiosité dans sa voix reptilienne.

- Dites donc, je ne suis peut-être pas au courant des derniers revirements politiques, mais ce n'est pas un peu mal vu par chez vous, de fraterniser avec les Français ? Je ne parle pas de la propagande qu'on essaye de nous faire avaler, hein…

La légère pause que marqua le dragon avant de poursuivre fut suffisante pour que Camille relève vivement la tête de la radio et croise son regard avec une lueur d'avertissement. Le saurien referma la gueule et passa une langue fourchue sur ses babines écailleuses, presque comme dans l'expression qui perturbait tant Jochen. Il en avait assez dit, et un mot de trop aurait vite fait de confirmer ce que les deux pilotes savaient déjà sans pouvoir l'avouer : leurs convictions étaient du genre à devoir rester à l'abri du régime en vigueur.

Dans la tête de Camille, c'était le chaos. Ah, la propagande avait soigneusement déformé tous les rapports franco-allemands, sur une situation déjà difficile à gérer. Wolfgang en était l'exemple le plus criant, avec ses sourires goguenards et ses manières affectées de parfait petit soldat. Il était jeune, influençable, et avait compris que pour survivre aux courants dominants, il fallait savoir s'y plier, ou en tout cas bien faire semblant. Et Camille aurait donné cher pour lire moins de fausseté dans son attitude, quitte à ce qu'ils continuent d'échanger des coups. Pourtant, quand Jochen lui avait offert cette sincérité qu'il appréciait tant chez ses camarades, il s'était fermé. Etait-il en train de devenir indécis sous couvert de garder à la fois ses convictions et son poste à Sarnand ? Il ne pouvait y avoir deux poids deux mesures, et marcher sur la corde raide entre volonté et devoir ne justifiait pas qu'il traite Jochen différemment de Wolfgang. Il chercha à nouveau le regard de l'Allemand.

- Le respect et la compréhension sont plutôt rares chez vos compatriotes. La sincérité par-dessus est plus que ce que je peux en attendre. Pour ça, vous aurez la mienne, même si c'est tout ce que j'ai à offrir.
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MessageSujet: Re: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptyVen 9 Oct - 0:56

Walter n'entendait rien du dialogue qui se déroulait devant l'enclos du dragon Orphée. Il se doutait bien que son pilote, gentiment têtu, essairai malgré tout de faire plier le français. S'il y avait bien quelque chose qu'il avait appris au contact de l'espiègle Potsdammer, c'est qu'il ne s'avouait pas vaincu si facilement, du moins quand il sentait qu'il avait des chances d'arriver à ses fins. Peut être était-ce le cas avec le jeune Libberecht ? Le radio n'avait jamais causé avec le courrier, non pas qu'il limitait au maximum les contacts avec ses camarades français, mais juste qu'il n'avait jamais trouvé le temps d'aller tailler une bavette avec lui. A la différence de son pilote, lui respectait la distance que certains français mettaient entre eux et l'occupant, il en était un peu déçu, mais il respectait. Après tout, son enfance en Sarre avait été marquée au fer rouge par l'occupation française, alors il comprenait le ressenti des nouveaux occupés.

Quatre doigts brandis par le français, fréquance changée et écoute relancée, Walter voyait son ami adossé à un poteau et ses lèvres qui s'agitaient...
*Qu'est-ce qu'il dit, ce maudis Junker?*
Cette question resta cependant en suspend, rapidement remplacée par une autre... car le radio avait parfaitement entendu l'espèce de soupir dans la radio.
*Mais qu'est-ce qu'il se passe là bas, verdamnt !!*

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Pour Jochen, la réaction d'Orphée fut plus surprenante qu'effrayante. Certes, il était bien plus proche des crocs du saurien, saurien qui s'avérait avoir "ses opinions dessinées sur les ailes" comme l'avait si bien dit son pilote, et ces opinions, ces couleurs, n'étaient pas celles du teuton. La situation ne semblait pas dangereuse aux yeux du pilote, il n'avait pas le surnom de "trompe la mort" pour rien après tout, et son visage s'étira sur la gauche d'un sourire espiègle.

- Dites donc, je ne suis peut-être pas au courant des derniers revirements politiques, mais ce n'est pas un peu mal vu par chez vous, de fraterniser avec les Français ? Je ne parle pas de la propagande qu'on essaye de nous faire avaler, hein…

Le dragon marquait un point, encore que. La propagande prônait en effet la bonne entente franco-allemande, l'entraide pour combattre les "terroristes", la civilisation germanique accueillie avec le sourire par les jeunes, et les jolies françaises tombant toutes dans les bras de soldats aryens. Joachim avait honte chaque fois qu'il voyait ce genre de vidéos, après tout, son histoire avec Louise pouvait tout à fait entrer dans le cadre de bien des "romances"  vues au cinéma propagandiste. Mais leur histoire à eux était vraie, il ne doutait pas des sentiments de la jeune résistante à son égard, pas plus qu'il ne doutait des siens.

Le souvenir des après-midi passés en compagnie de frau Keller remonta aussi à la surface, ainsi que celui du sinistre clown qui l'avait orchestré, un imbécile de plus dans le sillage du docteur Goebbels. Cette simple pensée fit disparaître son sourire en coin et remonter une colère qu'il tentait de dissimuler depuis longtemps : comment ses compatriotes n'avaient-ils pas pu voir le danger que représentaient Hitler et sa clique ? Comment avaient-ils laissé cet olibrius monter aussi haut ? Jochen brûllait d'envie d'exprimer ses opinions leur montrer à quel point il haïssait les nazis, qu'au fond ils se ressemblaient peut être un peu. S'ils l'avaient su, peut être leur relation se serait-elle orientée vers la camaraderie ?

Non, même s'il haïssait le fuhrer et ses sbires, il se battait pour l'Allemagne, il avait tué, et tuerai encore pour l'Allemagne, Camille en ferait surement de même pour la France si l'occasion lui en était donnée. Mais pourtant, même si il avait cette conviction, quelque chose le poussait à gagner la sympathie du courrier français, la sensation qu'ils pourraient passer outre, à un moment ou un autre, le mur de ce qui les séparait en ce moment. Jochen voulait, inconsciemment, pourver que la guerre n'est pas une fin en soit, qu'aussi sombre soit la situation, la lumière de l'amitié et la fraternité était possible, même entre adversaires.

Détournant le regard d'Orphée, il se tourna vers Camille, qui semblait chercher son regard. L'Aryen le soutint.

- Le respect et la compréhension sont plutôt rares chez vos compatriotes. La sincérité par-dessus est plus que ce que je peux en attendre. Pour ça, vous aurez la mienne, même si c'est tout ce que j'ai à offrir.

Pas vraiment ce que l'Allemand attendait, mais le courrier avait ouvert un autre verrou, laissant entrevoir le trésor que l'allemand cherchait : la possibilité d'une relation amicale entre lui, l'occupant, et Camille, le français occupé. Et dans ce genre de situation, c'était pourtant inestimable à ses yeux. Il mit autant de reconnaissance qu'il pu dans son regard et dans sa voix.

-Merci, Camille.

Ce fut au Germain de ne plus trop savoir quoi dire, Jochen se tu après ces deux mots. La peur de perdre trop facilement ce qu'il avait si durement gagné bloquait les mots dans sa bouche. D'un autre côté, il était plus que tenté de lâcher ce qu'Orphée avait fait remonter, sa colère contre ses compatriotes, son aversion pour les hommes qui tenaient les rennes du pouvoir, la stupidité des propagandistes... tout celà se mélangeait dans sa tête, un maëltröm d'où némergerait qu'amertume.
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Camille Libberecht
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[Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] Vide
MessageSujet: Re: [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable]   [Sicile] Test radio [20 juillet 1941][Sang, sueur et sable] EmptyVen 20 Nov - 19:20

Il y eut quelque chose dans le ton, ou peut-être dans l'expression de l'Allemand, qui attira l'attention de Camille. Un simple merci, dans lequel il y avait encore tellement de non-dits. Le pilote français hocha la tête en réponse, en acceptation de cette compréhension qu'ils avaient établie à défaut d'une véritable connivence. Chacun chez soi, du moins était-ce possible dans ce cadre qui leur était étranger à tous les deux, dans cette escadrille qui avait un objectif à peu près aussi bancal que l'alliance qu'elle représentait. A Sarnand, les choses étaient encore différentes.

Camille revint à sa radio, à nouveau concentré sur le travail à faire. Après avoir reçu la confirmation de Walter sur Adler 4, il passa à Adler 5, la fréquence d'Eva, et leva cinq doigts en l'air. La main entière, étendue comme un salut, comme un drapeau pacifique, comme une barrière ou un signal d'arrêt aussi. Subitement saisi par la portée que pouvait avoir un simple geste, il abaissa la main et se redressa, cherchant par delà les quelque quarante mètres qui le séparaient du radio allemand à lire une expression sur son visage.

- Test fréquence pour Adler 5, me recevez-vous ?

Il aurait aussi bien pu lui chanter la Marseillaise ou lui faire une déclaration d'amour, le résultat aurait été le même, car à cet instant là il y eut un effroyable claquement suivi d'un effet Larsen sur la ligne. Camille sauta sur l'interrupteur hors tension pour éteindre l'appareil, par sécurité, on ne savait jamais ce qui pouvait se passer si les circuits se mettaient à surchauffer.

- Fichu bazar ! C'était quoi, ça ?

Il prit un tournevis et se mit à démonter le panneau arrière sous l'œil amusé d'Orphée, qui en avait vu d'autres et assistait à la scène sans gravité comme certains humains pouvaient regarder une projection en plein air. Mais rien d'autre ne monta de l'appareil ouvert que le frémissement de la brume de chaleur qui s'ajoutait à l'atmosphère étouffante de la Sicile.

Fébrilement, Camille se mit à vérifier l'état de chaque composant électronique, mais rien ne lui semblait anormal. Un coup de chiffon plus tard, il remettait précautionneusement la radio en route, dans l'espoir que rien ne lui saute à la figure cette fois. Mais à part un léger grésillement électrique, il n'y eut aucune nouvelle manifestation sonore de mécontentement.

Le jeune homme essuya son front en sueur d'un revers de chiffon, étalant inconsciemment une trace de graisse noire en travers de son visage. Quelque chose avait dû sauter quelque part. Mais quoi ? Il releva la tête vers Jochen, après tout c'était le seul être pensant doté de capacités de manipulation fine, autrement dit de dix doigts, dans un rayon de vingt mètres.

- Dites donc, par hasard, ça vous est jamais arrivé un truc pareil ?
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