Nom : Rollin.
Prénom : Madeleine.
Age : 25 ans (née le 14/04/1916).
Nationalité : Française. Elle est née aux alentours de Montreuil, dans la ferme des Pelous.
Métier : Domestique au château de Sarnand.
Langues connues : Français. Patois alsacien (plus compris que parlé). Quelques mots d'allemand.
Description physique :
Madeleine semble avoir passé sa vie à essayer de se rendre la plus discrète et la plus effacée possible/ Si elle avait pu trouver le moyen de se fondre – littéralement – dans le décor, elle l’aurait immédiatement mis en pratique. A défaut, elle se débrouille pour ne pas se faire remarquer et arrive en général à s’en sortir plutôt bien.
Son visage est des plus banals, avec quelques taches de rousseur sur le haut des pommettes et l’arête du nez droit, mais sans plus, et rares sont les sourires – timides en général – qui viennent l’illuminer. Ses cheveux châtains clairs pourraient presque paraître blonds, mais pas tout à fait, et sont ternes au possible. Aucun reflet roux ou miel ne les éclaire jamais, même lorsque la lumière du soleil vient les caresser. Chose que Madeleine évite d’ailleurs le plus possible. En effet, outre le fait qu’une trop grande luminosité blesse ses yeux clairs – dont la couleur varie entre un bleu terne et un gris clair – les rayons de l’astre du jour n’épargnent pas sa peau : quelques instants au soleil et elle est sûre de ressembler à une écrevisse tout juste sortie de la marmite. Et, au cas où ce ne serait pas évident, avoir les joues aussi rouges que des tomates n’aide pas vraiment à passer inaperçu. Madeleine trouve déjà suffisamment ennuyeux d’avoir à lutter contre la rougeur qui colore ses pommettes chaque fois que quelqu’un lui adresse la parole pour ne pas vouloir s’occuper de coups de soleil.
Heureusement, comme pour lui faciliter la tâche dans sa quête de la discrétion, elle n’a pas vraiment l’allure d’une armoire à glace. Culminant à un mètre cinquante-huit, elle est d’une minceur qui confine presque à la maigreur et n’est donc pas des plus repérables. Il faut ajouter à cela qu’elle se déplace en général rapidement – travail oblige – et sans un bruit.
Description mentale :
S’il fallait comparer Madeleine à un animal, une petite souris semblerait parfaitement appropriée : une petite souris grise qui se déplace à toute vitesse, mais sans un bruit, et qui n’a peur que du gros chat des alentours. Sauf que, pour Madeleine, le gros chat correspond en fait à tous les alentours. Tout ce qui constitue le monde extérieur est potentiellement un énorme félin qui cherche à la dévorer. En bref, Madeleine est une froussarde qui a peur de tout. Cela ne veut pas dire pour autant qu’elle est incapable de faire preuve de courage. En fait, elle n’a jamais vraiment eu à être courageuse, on ne peut donc pas dire grand-chose à ce sujet. Quoique… si on prend en compte que le simple fait de devoir s’exprimer à voix haute devant quelqu’un lui donne des sueurs froides, on peut considérer que Madeleine possède une bonne dose de bravoure. En effet, la jeune femme est d’une timidité maladive qui lui fait monter le rouge aux joues pour un rien, sans parler de son incapacité à aligner deux phrases sans bafouiller. Et tous ses efforts pour lutter contre ça depuis vingt-cinq ans n’y ont strictement rien changé. Elle est d’ailleurs rigoureusement incapable de mentir. Ce n’est pas qu’elle dit toujours la vérité, c’est juste que, lorsqu’elle s’en écarte un peu trop, elle prend une jolie couleur pivoine et bute encore plus que d’habitude sur les mots. Il faut toutefois remarquer que la réciproque n’est pas toujours vraie : Madeleine est parfaitement capable de prendre une teinte tomate et de se sentir plus gênée ou plus timide que d’ordinaire sans raison apparente.
Sa timidité ne la gêne heureusement pas tant que ça dans son métier, et Madeleine accomplit ses tâches de domestique avec sérieux. Elle est d’une discrétion à toute épreuve, ce qui correspond bien à ce qu’on attend d’elle : une bonne domestique ne se fait pas remarquer, et cela lui va très bien. Elle fait de son mieux pour assurer le bien-être des habitants de la base de Sarnand, même depuis l’arrivée des Allemands et malgré les quelques réticences qu’elle éprouve à traiter les officiers étrangers comme les Français. Après tout, même si elle est fille de commerçants, sa famille maternelle est une famille de fermiers – et de militaires – et a toujours été très présente dans sa vie puisque les Pelous ont un sens de la famille plutôt bien développé. Et, pour les paysans, la terre est sacrée, qu’elle soit celle de la famille ou celle de la patrie. La voir occupée par des envahisseurs allemands n’est donc pas une vision très réjouissante, pas plus que de devoir appeler « envahisseurs » certains officiers qui font quasiment partie de la famille, comme les Von Lichtenstein. Mais, en 1940, il n’était pas question pour la jeune femme de quitter son poste de domestique pour montrer son désaccord avec l’occupation et le régime en place qui, lui, l’avait acceptée. La guerre n’a jamais été une bonne chose pour les affaires et le couple Rollin n’avait pas les moyens de récupérer leur fille, sans compter qu’eux aussi devaient héberger un officier étranger. Madeleine continue donc à remplir ses devoirs à Sarnand, tout en s’efforçant de se répéter que les Allemands sont d’horribles envahisseurs, chose plutôt ardue quand la plupart sont parfaitement corrects, voire même plus que ça en ce qui concerne certain officier.
Histoire :
Chronologie : 1907 : Mariage d’Ernestine Pelous et de Jacques Rollin. 1908 : Naissance de Simone. 1911 : Naissance de Gabriel. 1914 : Naissance de Léon. 1916 : Naissance de Madeleine à Montreuil, à la ferme des Pelous. 1920 : Naissance de Jeannine. 1930 : Madeleine quitte l’école et devient domestique au château de Sarnand.
Les Rollin ne sont pas originaires d’Alsace, mais arrivèrent dans la région après la guerre de 1870. Le père ouvrit alors une petite épicerie à Montreuil, épicerie qu’il transmit à son fils Michel lorsque celui-ci fut en âge de lui succéder. Michel épousa une jeune fille alsacienne, Louise Feuern et le couple eut un unique enfant, un fils, qui était donc tout désigné pour reprendre le commerce quand ce serait son tour. Malheureusement, Jacques n’était pas franchement intéressé par l’épicerie de son père, et il avait bien plus de voir du pays que de rester vivre à Montreuil. Malgré les efforts de ses parents pour l’intéresser au commerce, il était bien décidé à s’en aller… jusqu’à un beau jour de 1907 où une jeune secrétaire de la mairie franchit le seuil de la boutique. Ernestine Pelous n’avait pas encore vingt ans mais, comme toutes ses tantes, elle était déjà fonctionnaire. Jacques décida rapidement qu’il ne voyait plus guère d’inconvénient à vivre à Montreuil, à condition qu’Ernestine soit avec lui. Puisque la jeune fille n’y voyait pas vraiment d’inconvénient, et sa famille non plus, le mariage fut rapidement conclu et neuf mois plus tard naissait la petite Simone. Après cette première grossesse, Ernestine renonça à son travail à la mairie et commença à aider son mari à l’épicerie.
Deux autres enfants, deux garçons, vinrent rejoindre Simone avant que la guerre éclate en 1914. La famille fut alors séparée : le père fut envoyé au front tandis que femme et enfants fermaient boutique – de toute manière, les affaires n’étaient plus vraiment florissantes – et allaient se réfugier chez les Pelous. Fin 1915, Jacques obtint une permission, en partie grâce à une blessure, et la famille fut réunie pour quelques mois. L’absence causée par le nouveau départ du père fut partiellement comblée par la naissance de Madeleine. Celle-ci passa donc les deux premières années de sa vie dans la ferme familiale, avant que l’armistice de 1918 et le retour de Jacques ramènent tout ce petit monde à Montreuil.
Les affaires reprirent rapidement et Madeleine et ses frères et sœur grandirent tranquillement dans la petite ville. Ils allèrent tous à l’école à plein temps dès qu’ils eurent l’âge requis, même les filles et quoi que puissent en penser les Rollin. Ernestine était intraitable là-dessus : toutes les filles Pelous étaient allées à l’école et y étaient restées jusqu’au bout, et ses filles feraient de même. L’idée était même plutôt bonne puisque lesdites filles ne se dépatouillèrent pas trop mal. Simone était même plutôt douée, tandis que Madeleine se maintenait sans mal légèrement au-dessus de la moyenne. Les études ne leur posaient aucun problème, ni à l’une ni à l’autre, mais ce n’est pas pour cela qu’elles appréciaient l’école. Madeleine, surtout, ne cessait d’appréhender les heures qu’elle passait loin de la maison familiale. Elle ne se sentait pas à l’aise avec les autres enfants – en fait, elle ne se sentait à l’aise avec personne – et restait en général seule dans son coin. Ce qui n’était finalement pas plus mal puisque, dès que quelqu’un venait lui adresser la parole, elle se transformait en pivoine.
Malgré ses réticences à l’égard de l’école, elle y resta néanmoins jusqu’à ses quatorze ans, comme le souhaitait sa mère, et en sortit avec son certificat d’études en poche, comme tous ses frères et sœurs. Hélas, contrairement à ce qu’elle aurait pu espérer, les ennuis de Madeleine ne venait pas de se terminer. Ils ne faisaient que commencer. Une fois les études terminées, il fallait qu’elle se trouve un travail. Perspective terriblement effrayante, s’il en est. L’idée de devoir quitter la relative sécurité de la maison familiale et les seules personnes auxquelles elle était capable de s’adresser normalement pour aller travailler ailleurs n’était pas des plus agréables. Mais, elle n’avait pas vraiment le choix : ses parents ne pouvaient pas l’entretenir indéfiniment, et comme l’idée même du mariage – à plus ou moins long terme – lui donnait des boutons… Coïncidence heureuse, quelques mois après plus tard, Ernestine apprenait par cousine interposée – les Pelous sont partout à Montreuil, rappelez-vous – que la base de Sarnand cherchait une domestique puisqu’une jeune femme venait de quitter son poste pour cause de noces. Elle encouragea sa fille à postuler et, malgré sa timidité, celle-ci s’exécuta et obtint même le poste. Elle quitta donc le domicile familial pour s’établir au château.
Les débuts furent très difficiles. Non seulement, la maladresse de Madeleine causa la perte d’un nombre incalculable de pièces de vaisselle, mais l’environnement dans lequel elle se trouvait ne faisait rien pour contrebalancer les prédispositions naturelles de la jeune fille. Il suffisait qu’elle rencontre quelqu’un qu’elle ne connaissait pas ou un soldat – ou pire, un soldat qu’elle ne connaissait pas – au détour d’un couloir pour que ses joues prennent instantanément une couleur digne du troisième tiers du drapeau français et une température en proportion, tandis que ses mains lâchaient obligatoirement tout ce qu’elles tenaient. Et des soldats inconnus, il y en a beaucoup dans une base de l’Armée de l’Air pour une nouvelle domestique !
Toutefois, malgré la quantité de catastrophes qu’elle provoqua, elle ne se fit pas renvoyer. En effet, les autorités en charge du personnel purent se rendre compte que, lorsqu’elle n’avait pas le malheur de rencontrer quelqu’un sur son chemin, Madeleine était parfaitement capable d’accomplir son travail à la perfection. Sans compter qu’elle faisait d’énormes efforts pour garder le contrôle de ses gestes et s’intégrer au reste de l’équipe. Elle put donc garder son poste, les autres évitant simplement de lui confier la vaisselle et les plateaux déjeuner qu’on amenait aux officiers quand ils mangeaient dans leurs appartements. Les draps, les tapis et les rideaux, eux, ne craignaient pas vraiment les chutes impromptues et, en général, on faisait le ménage dans les chambres quand elles étaient vides de tout occupant. La tâche semblait donc parfaitement indiquée pour les jeunes filles à la timidité maladive.
Pendant dix ans, Madeleine travailla donc au château sans événement marquant. Elle se lia un peu avec ses collègues, et en particulier une jeune cuisinière d’un an son aînée. La jeune femme se maria en 1936, mais ne quitta pas Sarnand pour autant puisque son époux faisait, lui aussi, partie de la horde de domestique de la base, et Madeleine put continuer à profiter de sa présence. Elle ne quittait pratiquement jamais le château, sauf de temps en temps quand elle avait une journée de congé, journée qu’elle allait passer soit chez ses parents, soit à la ferme des Pelous. Elle put ainsi suivre, plus que participer à, la croissance de ses nombreux cousins et cousines, dont Hermeline.
Tout allait donc (presque) pour le mieux, jusqu’à ce que la guerre commence en septembre 1939. Cette fois, son père ne fut pas mobilisé et ses frères non plus, mais Gabriel n’en était pas loin, et la perspective de la guerre n’était pas réjouissante. Surtout qu’elle avait séparé les parents de ses cousins Von Lichtenstein. Néanmoins, l’armistice du 18 juin 1940 n’arrangea pas la situation, du point de vue de Madeleine. Certes, les combats étaient terminés, mais leur région était à présent occupée par les Allemands, de même que la base de Sarnand. Alors que Madeleine avait presque réussi à s’habituer aux soldats français, voilà que de nouveaux hommes débarquaient… et en plus ils étaient Allemands ! C’étaient des ennemis ! Comble de malchance, parmi lesdits ennemis se trouvaient son oncle Von Lichtenstein – enfin, le père de ses cousins au second degré, mais c’était la même chose – et des officiers qui avaient tout sauf l’air d’horribles envahisseurs.
La jeune fille aurait bien aimé quitter immédiatement son poste, mais ce n’était pas possible. La guerre et l’occupation n’arrangeaient pas les affaires des commerçants et il était hors de question qu’elle puisse retourner chez ses parents. Madeleine resta donc à Sarnand et s’efforça de continuer à faire son travail en croisant le moins de monde et en passant le plus inaperçu possible.
Dernière édition par Madeleine Rollin le Sam 28 Mar - 22:05, édité 2 fois |