Lettre (non envoyée) à Maria von Warlau [26 Juillet]

Mère,
Tu recevras cette lettre bien après que je ne l'ai écrite, mais je pense que savoir que j'ai pensé à toi te fera plaisir. Je me trouve dans une oasis de Libye, un véritable trou de quelques maisons, une épicerie minuscule et fourre tout, quelques puits et des palmiers. Je garde toutes mes affaires de valeur sous clef : ici, on ne croise que des arabes. Ils ne sont pas dignes de confiance.

J'ai pris un coup de soleil dès le premier jour mais, à présent, je bronze beaucoup. La manque des lunettes me donne l'air d'un raton laveur. Je n'aurai pas dû passer un moment torse nu à Yafran : si tu me voyais, tu aurais peur. J'ai de grandes plaques de peau qui partent sur la poitrine, ce qui crée de grosses taches roses au milieu du bronzage. Enfin, ce sera sans doute parti quand je te reverrai. Je ne sais pas encore quand j'aurai de permission... probablement pas avant longtemps.

La nourriture est exécrable. Il y a des nuages de mouches partout, même au beau milieu du désert. Je me demande ce qu'elles mangent quand aucune troupe ne passe là. Quand nous avons de l'eau à disposition, nous passons notre temps à boire du thé que nous transpirons presque aussi vite que nous le buvons. Le jour la chaleur est insoutenable. La nuit, on grelotte si on a pas de manteau. L'Afrique a l'air d'une grande aventure aux actualités mais, en fait, c'est en endroit aussi horrible que magnifique. Je souhaite n'être venu ici que pour faire du tourisme.

Nous partons demain, casser du FFL ou de l'anglais. Majestas espère que ce seront des Français.

Avant de revenir, il faudra que je pense à te ramener du sable du désert. Ca ne sert à rien, mais cela impressionnera tes amies.

Je t'embrasse,
Rudy.