Spy Kids [Jeudi 15 mai, fin d'aprem'] [Scénar 1 partie 3 -a-]

Tout se déroulait à merveille, Peter qui avait légèrement flippé quand les soldats s'étaient mis à le regarder fût très vite calmé en constatant qu'il n'avait même pas besoin de répondre. Tout se passait pour le mieux donc quand il entrèrent dans le téléphérique. Enfin... Presque pour le mieux...
Bien entendu des soldats prenaient leur relève justement à ce moment ce qui signifiait que d'autres montaient avec eux dans le téléphérique. La tension monta donc d'un léger cran mais ce n'était pas le moment de flache, pas si près du but. Même s'il n'avait aucune raison de s'inquiéter tant qu'ils ne les regardaient pas en prenant un air suspicieux, Peter n'était pas spécialement rassuré pour autant.
Surtout que ces mecs pouvaient très bien être les mêmes qui avaient tué son père, c'est alors du mépris qui remplaça la peur alors même que Peter serrait son poing, effleuré une seconde plus tard par Hermeline.
Son action eût un effet relaxant sur Peter qui détendit ses mains et ne pensa plus à ce qu'avait pût faire ces soldats pour ensuite penser à lui même et à Hermeline, ce sentiment commun de peur qui les rassemblait à cet instant. Il ouvrit sa main et l'enserra délicatement autours de celle d'Hermeline. Sa main était froide mais son contact avait quand même quelque chose de magnétique et d'apaisant. Après qu'elle ait cherché sa main, lui chercha son regard.

Et pendant ce temps, un sifflotement se faisait entendre au pied des remparts alors qu'un gamin marchait avec deux paniers bien pleins de rhubarbe pour faire des tartes, de la confiture, des omelettes, des bonbons. Oui, effectivement avec la rhubarbe qu'il avait il pouvait faire des omelettes ! Il préférait d'ailleurs éviter d'en faire si possible.

Il marchait avec un peu de lenteur parce que quand même c'était lourd pour ses petits bras musclés. Oui oui, Tim avait des petits bras musclés qu'il montrait à tout le monde sans aucune gène parce qu'il n'avait pas une once de pudeur. Et si d'aventure vous lui faisiez cette remarque sur son absence de pudeur, nul doute qu'il vous répliquerait : "c'est quoi n'once ? l'pudeur j'crois qu'c'est comme quand l'filles veulent pas qu'on les r'garde, mais n'once j'sais pas". Désespérant non ?

Il parvint tout de même à la limite de la forêt par le chemin qu'il avait décidé et il regarda la position du soleil pour savoir quelle heure il pouvait bien être. Et d'après la position du soleil, il était plus tard que quand il était partit. Donc tout se passait comme il fallait et il pouvait continuer.

Il arriva au niveau de la grange dans laquelle il devait déposer les oeufs. Il ne devait y avoir personne et du coup ... il était tranquille pour vider ses paniers en espérant que personne ne songerait à venir fouiller par là le temps que les oeufs restaient. Cela ne devait pas être très long d'ailleurs ... car pour rester il fallait encore qu'ils n'éclosent pas.

Et quelques heures après être parti, c'est un Timothée souriant et marchant prudemment qu'on pu croiser dans les rues de Montreuil, ramenant de la rhubarbe pour le dessert du soir chez Madame Manon, il en avait même une tige dans la bouche, car avouons le, s'il avait été aussi long c'était parce qu'il en avait mangé ... et pas parce qu'il avait aidé deux autres jeunes à faire sortir des oeufs de dragon de la base militaire la plus proche, franchement, personne ne pouvait y croire.

Le téléphérique glissait, glissait, glissait vers Montreuil. Les soldats commentaient toujours leur soirée à venir, ou plutôt exprimaient leur désaccord sur le cabaret à visiter : l'un voulait qu'on aille au cabaret conseillé pour les soldats allemands, parce que là au moins, on était sûr que les filles étaient propres. L'autre disait que la Wehrmacht avait choisi le cabaret le plus chiant qui soit pour les soldats pour que les officiers soient sûrs d'être en paix dans les coins sympas. Il préférait aller au Joker ; au moins, les Zazou étaient des gens marrants et on y jouait du vrai jazz.

Le débat devenait plus houleux à mesure que les deux adolescents se laissaient porter. Hermeline écoutait sans rien dire, surtout à présent que les deux commençaient à se crêper le chignon.

Le premier affirmait qu'il ne fallait pas fréquenter les Zazou car ils étaient vendus à l'Amérique et, par les temps qui courent, on ne pouvait pas leur faire confiance. Même pour danser ou écouter de la musique. Le second répondait que les Zazous étaient aussi dangereux que des poules rigolotes, ils ne savaient ni se battre et ne suspectaient rien ni personne. On s'en foutait qu'ils écoutent du jazz joué par des noirs, au moins ils le jouaient bien, eux. Pas comme les berlinois insipides que Goebbels leur refilait.

Ils n'interrompirent pas leur discussion lorsque le téléphérique s'arrêta et sortirent sans regarder les adolescents. La main d'Hermeline se détendit autours de celle de Peter, sans qu'elle se rappelle l'avoir serrée. Cela ne l'empêcha pas de le tirer manu militari hors de la cabine, puis du point d'arrivée, jusqu'à se retrouver dans la rue.

Est-ce que c'était le moment de créer "on se dispeeeeeerse" en explosant de rire ?

Un silence glacial habitait les deux adolescents pendant tout le temps que dura la descente. Chance ou non, le silence n'était pas ce qui caractérisait les deux soldats les accompagnant, au moins pendant qu'ils parlaient ils ne se rendaient pas compte à quel point les deux gamins semblaient étrangement tendus, ce qui était tant mieux pour les deux ados en question...
Les secondes s'égrenaient aussi lentement qu'un escargot traversant une route goudronnée pour aller grignoter un chou. Peter espérait qu'ils pourraient traverser cette route sans se faire rouler dessus pour reprendre la métaphore... La situation 'était d'autant plus interminable par le fait qu'Hermeline serrait de plus en plus la main de Peter. Non pas qu'être en compagnie d'une jolie jeune fille lui déplaisait, mais il commençait vraiment à être rouge comme une tomate.
Enfin le téléphérique arriva en bas, finalement les deux Allemands n'avaient même pas porté attention à eux. Peter se laissa entraîner par Hermeline qui avait relâché sa prise. Une fois dans la rue. Ils purent tous les deux souffler un grand coup et se rire à rire de bon cœur quand personne n'était en vue. Il n'allèrent pas jusqu'à crier "on se disperse!" mais le cœur y était. Peter accompagna ensuite Hermeline jusqu'à environ 50 mètre de son école, pas plus près au cas où il y ait une sœur qui soit dehors et prête à le reconnaître. Il lui rendît ensuite son panier.
- Tient, voilà ton piège à dragons pygmées. A bientôt.
Il fût surpris de recevoir une petite bise sur la joue gauche et repartit tout béa. Finalement il repensa à quand Siedler lui avait proposé des tickets de rationnement... Il aurait du les prendre car à cet instant il aurait aimé se prendre un remontant, malheureusement les seuls tickets qu'ils avaient sur lui étaient ceux pour les rutabagas et les carottes que sa mère lui avait demandé d'acheter le matin même, il se dirigea donc vers l'épicerie du coin pour y acheter ces fameux ingrédients.